Le M.R.P. Outil de dialogue avec le corps du patient


L’étude des ‘whiplash injuries’ et de leur traitement durant ma formation d’ostéopathe a servi de point de départ, de germe aux réflexions et expérimentation sur laquelle s’est élaborée la méthode de test et de traitement faisant l’objet de cette formation.

J’avais noté l’accent mis sur le verrouillage installé par la dure-mère intra-spinale au moment du traumatisme entre l’occiput et le sacrum, et la nécessité de libérer cette relation pour pouvoir travailler sur les temporaux ou les iliaques.

Les techniques structurelles proposées pour effectuer cette libération me semblaient peu satisfaisantes. J’ai eu l’idée d’essayer une manœuvre fonctionnelle, consistant à pousser la structure dans sa lésion, donc pousser le sacrum et l’occiput l’un vers l’autre, puis de les laisser travailler, en observant ce qui se passe. Et il s’est passé des choses !

Dans mes mains, l’occiput du patient s’est mis à aller et venir successivement dans les 3 directions (flexion extension, rotation, inclination gauche droit) plusieurs fois de suite, dans un ordre différant à chaque fois jusqu’au moment où s’est réinstallé le MRP de manière stable. Et alors, surprise ; occiput et sacrum etaient désolidarisés, le verrou était levé.

L’énergie stockée dans cette membrane à chaque whiplash qui verrouillait la structure s’était dissipée, libérée dans mes mains. C’est cette énergie qui constitue le fil d’Ariane de tout travail avec le corps du patient.

Physiologiquement, elle est présente dans tout corps vivant, et entretient la vie, donc le MRP qui en est un reflet. Mais aussi le fonctionnement de tous les organes. Que cette énergie soit d’origine physiologique ou pathologique, c’est de la même énergie qu’il s’agit.

L’apport physiologique est fourni par la transformation d’aliments. Tout apport excessif d’énergie est pathogène.

Les apports pathogènes ont deux origines possibles :

- Une origine traumatique avec un apport d’énergie cynatique, portant sur la structure, et concernent la mobilité articulaire.
- Et une origine métabolique, en rapport avec des aliments consommés en excès, et surtout les aliments mal tolérés (auxquels on est allergique), qui vont entraîner un excès d’énergie pour l’organe correspondant à leurs saveur.

Cela va concerner les organes, leur fonctionnement et tous les troubles qui en découlent :

1. Physiologie déficiente de l’organe en excès d’énergie et perturbations des organes en relation.
2. Perte de mobilité et douleurs vertébrales.
3. Douleurs articulaires et musculaires sur le trajet des méridiens concernés.

Seules les pathologies d’origine traumatique pourront être réglées rapidement et durablement par l’ostéopathie.

Pour les pathologies d’origine métabolique, l’ostéopathie aura une action limitée dans le temps, et portant sur le symptôme, la cause n’étant pas traitée, celui-ci reparaîtra plus ou moins vite

Parfois même l’ostéopathie est inefficace, comme par exemple pour les douleurs sur les trajets de méridiens. L’Energétique Chinoise seule permet d’agir efficacement et durablement sur les troubles d’origine métabolique.

Le domaine qui nous intéresse aujourd’hui concerne les pathologies d’origine traumatique relevant de l’ostéopathie. Le MRP va permettre au praticien de savoir d’abord quoi traiter (tests), et ensuite comment le traiter et pourquoi.

Le Mouvement Respiratoire Primaire fait partie des outils privilégiés permettant d’établir entre le praticien et le patient, et au-delà des mots, un dialogue d’une grande richesse. Ses seules limites seront les qualités d’interprétation, de compréhension du praticien et ses capacités à poser son esprit, son attention sur le patient et trouver ainsi les bonnes questions.
L’utilisation de cet outil nécessite de la part du praticien une bonne expérience du M.R.P. Il doit être capable de le sentir facilement en posant la main sur le corps du patient et de le distinguer aisément des autres mouvements qu’il peut sentir : (rythme respiratoire, rythme cardiaque, mouvements volontaires, chez les enfants en particulier).

Dans une démarche ostéopathique, où le travail va intervenir sur des restrictions de mobilité provoquées par des traumatismes, le dialogue sera d’abord une "écoute" comparative de la mobilité d’une pièce osseuse par rapport à une autre, pour déterminer qui est en lésion, par rapport à qui.

Afin de pouvoir exploiter correctement les informations fournies par l’écoute du M.R.P., il est indispensable de posséder une connaissance précise de l’anatomie osseuse et articulaire de chaque partie du corps humain, ce qui en principe est le cas de tout bon ostéopathe. Cette connaissance doit lui permettre de savoir exactement ce qu’il a sous les doigts, lorsqu’il pose la main sur une zone en souffrance. Elle doit également lui permettre de savoir précisément, pour chaque pièce osseuse, les mouvements qu’entraîne le M.R.P., pour cette pièce. Il doit aussi avoir clairement présents à l’esprit ses rapports articulaires avec toutes celles qui l’entourent.

Connaissant la direction et l’amplitude du mouvement physiologique de l’os sur lequel est posée la main (ou le doigt), il va être possible de repérer une perte de mobilité éventuelle, qui est toujours le signe d’une lésion. En comparant la mobilité des différents os les uns par rapport aux autres, il est possible de déterminer lequel est en lésion, et lesquels compensent cette lésion. La plus faible mobilité désigne la pièce en lésion.

Pour comparer la mobilité d’un os par rapport à un autre, ralentir ou contrôler l’un en appuyant dessus, et suivre le mouvement de l’autre, puis faire l’inverse et comparer.

Une fois les lésions repérées, le dialogue va prendre une forme "question réponse", pour déterminer si la douleur dont se plaint le patient est en rapport avec ces lésions. À la question que pose mentalement le praticien : "la douleur est-elle en rapport avec cette lésion ?" le corps du patient, en arrêtant un instant le M.R.P., va répondre : "cette lésion me fait mal", c’est-à-dire "oui". Dans ce cas, le traitement de la lésion s’impose d’emblée.
Si par contre il répond non, en maintenant constant le M.R.P., cela voudra dire que la douleur n’est pas causée par la lésion ostéopathique, articulaire. Elle pourrait être d’origine énergétique (trajet de méridien par exemple), ou autre. D’autres informations viendront alors compléter le M.R.P. (pouls radiaux, palpations diverses, etc...). Ceci constitue un autre domaine d’investigations pour lequel l’ostéopathe a besoin de compléments de formation et qui pourra être abordé plus tard.

1. Tests pour le crâne

- La palpation de la base de l’occiput indique lorsqu’il y a une sensibilité, une perte de mobilité de la sphéno-basilaire. Dans ce cas, on trouve aussi une des apophyses transverses de l’atlas douloureuse. Si la douleur n’est pas du même côté que celle de la base de l’occiput, cela indique un conflit d’adaptation avec une ou plusieurs lésions sacrées (sacrum en flexion, crâne en extension par exemple).

En suivant le M.R.P. par les deux branches de la mandibule on obtient des informations sur la mobilité des temporaux ; une branche de la mandibule peu ou pas mobile indiquera une lésion du temporal homo latéral, que l’on peut vérifier en posant la main sur le temporal suspecté. De la même manière on vérifiera la mobilité des os de la face, en rapport ou non avec ce temporal (ethmoïde, malaires, maxillaires supérieurs). En même temps que la sphéno-basilaire, il faudra toujours traiter la voûte et la base (occiput sur atlas).

2.Tests pour les membres supérieurs

- Clavicules :
Suivre le M.R.P. sur les deux clavicules ensemble, comparativement il doit être complet. S’il y a un temps d’arrêt en fin de flexion ou d’extension sur un clavicule, cette clavicule est en lésion avec le sternum, omoplate ou les deux. La palpation confirme et précise les lésions. Une clavicule en lésion est la cause la plus fréquente du torticolis congénital du nourrisson avec apparition rapide d’un crâne "en parallélogramme", difficile à récupérer si la lésion n’est pas traitée avant 6 mois.

-Membre supérieur :
Lésion descendante : contrôler l’avant-bras (radius cubitus) et suivre le mouvement. S’il présente une restriction de mobilité, cela indique une lésion de l’omoplate sur le grill costal.

Lésions montantes : contrôler omoplate et suivre le M.R.P. de l’humérus. Une perte de mobilité de l’humérus indique une lésion montante. La mobilité la plus importante indique le sens de lésion.
Ensuite contrôler l’humérus et suivre le radius et noter la restriction, puis le cubitus et noter également la restriction.
Les 3 os en lésion dans le même sens indiquent que le problème se situe au coude.
Le radius en lésion dans l’autre sens indique que le problème se situe dans la partie radiale de la main (premier, deuxième, troisième rayons).

Le cubitus en lésion dans l’autre sens localise le problème à la partie cubitale de la main (quatrième et cinquième rayons).

Poursuivre le repérage plus loin serait trop complexe et d’un faible intérêt. Le traitement de la zone concernée, articulation par articulation, en incluant radius cubitus, est beaucoup plus simple et d’une efficacité complète et vérifiable.

La vérification s’opère de deux façons :
1. En reprenant la mobilité de l’humérus sur l’omoplate , qui qui sera complète si la main est libre.
2. En demandant au patient de rechercher et provoquer sa douleur par les mouvements extrêmes.

Si, malgré la mobilité complète de l’humérus, il reste un gène quelconque à la main, disperser les points d’acupuncture les plus proches de la zone douloureuse. Il s’agit de douleurs résiduelles.

Attention : Si après le traitement achevé d’un membre , test à distance à l’appui, la douleur reste inchangée, cela signifie qu’elle est d’origine énergétique, la lésion ostéopathique existait déjà silencieusement avant le conflit énergétique responsable de la douleur. La lésion ostéopathique a juste déterminé la latéralisation du méridien perturbé et douloureux.

3. Tests pour le bassin et les membres inférieurs

Bassin :
En étudiant la mobilité du sacrum par rapport aux iliaques, on va pouvoir déterminer la lésion que présente le sacrum, en général suite à une chute sur les fesses ou un quelconque traumatisme de cette zone.

Test du sacrum :
Le patient en décubitus ventral. Posez les deux pouces sur le sacrum en regard du petit bras (prés de la base) et les deux index sur l’iliaque à la même hauteur. En contrôlant l’iliaque on suit le sacrum et l’on note la mobilité qui indiquera la lésion du petit bras coté étudié. Puis on déplace les 2 pouces en regard du grand bras (près de la pointe du sacrum). Les index à la même hauteur posé sur l’iliaque (à travers les fesses). On va aussi repérer la mobilité du grand bras du même coté. La même opération sera répétée de l’autre côté pour les deux bras. Ce qui va permettre de déterminer précisément et de suite la lésion que présente le sacrum à ce moment.

Les renseignements ainsi recueillis sont suffisants pour permettre de déterminer avec certitude et en toute précision la lésion que présente le sacrum à ce moment, et la façon de la traiter.
Flexion bilatérale sur petit bras torsion droite sur axe droit
Flexion bilatérale sur grand bras torsion gauche sur axe droit

Extension bilatérale sur petit bras torsion droite sur axe gauche
Extension bilatérale sur grand bras torsion gauche sur axe gauche

Flex unilat gauche ou droite Ext unilat gauche ou droite

A noter : Comme les trains au passage à niveau, une lésion peut en cacher une autre, qui peut apparaître de suite, comme après plusieurs jours seulement.

Une patiente, un jour, m’a affiché l’une après l’autre 7 lésions du sacrum, 3 au cours de la première séance, et 4 à la deuxième. Le test décrit plus haut, par sa précision et sa facilité de mise en œuvre m’a permis de décrypter, de comprendre et de traiter facilement ces lésions les unes après les autres.

En même temps que le sacrum, il faut toujours libérer la cinquième lombaire. De plus il est souhaitable de traiter le sacrum dans la même séance que le crâne et la 1e cervicale, sinon des douleurs transitoires et adaptatives peuvent se manifester au niveau cervical ou lombaire.

La Dure-mère intra-spinale étant insérée à la base de l’occiput et à la base du sacrum, ils forment les petits cotés d’un grand parallélogramme, ils sont toujours en relation directe.

Test à distance du sacrum (ou bilan descendant)

De la même manière que la mobilité de l’omoplate a pu être vérifié à partir de l’observation de l’humérus sur l’avant-bras, il va être possible de vérifier la mobilité du sacrum et, une fois le sacrum libre, des iliaques, en écoutant la mobilité du fémur sur le tibia.

Un fémur en rotation externe (perte de rotation interne) indiquera un sacrum en flexion ; en rotation interne le sacrum sera en extension.

Le test est beaucoup moins précis que le précédent, mais il permet d’avoir une idée par rapport au membre inférieur des conflits d’adaptation possibles en fonction des lésions de ce membre.

Il permet également une vérification à distance du bilan du sacrum, ou du traitement déjà fait.

Mobilité des iliaques sur le sacrum

En contrôlant le sacrum et en écoutant l’iliaque, on va avoir une idée de la mobilité ilio-sacrée. Mais comme l’iliaque est au bout de chaîne montante, il affiche et représente les problèmes du reste de ce membre.

A moins qu’il ait subi une traumatisme ‘personnel’, l’iliaque n’est jamais à corriger, il est toujours adaptatif. La lésion qu’il adapte réglée, il se libère tout seul. Si alors il ne se libère pas, c’est là qu’il faudra le traiter.

Lésions montantes

Un fémur en restriction de mobilité sur l’iliaque va indiquer la présence d’une lésion sur ce membre. Une restriction de rotation interne indiquera une lésion en flexion, vice-versa.

De même que pour le membre supérieur, un fémur en rotation externe par rapport à l’iliaque et un tibia et un péroné tous deux en rotation externe ; indiquent un problème de genou.
Tibia en rotation externe - péroné en rotation interne indiquent une lésion de flexion du pied (vielle entorse) par rapport au péroné.
Tibia en rotation interne et péroné en rotation externe indique une lésion du pied par rapport au tibia.

Dans le premier cas, on travaillera le pied par rapport au péroné.
Dans le deuxième cas, on traitera le pied par rapport au tibia.

Pour un fémur en rotation interne, même raisonnement mais inversé.

Pour savoir jusqu’à où va la lésion du pied, on va tester la mobilité des métatarsiens. S’ils sont libres, la lésion se limite à la tibio-tarsienne et au tarse. Si les métatarsiens ne sont pas libres, ils sont à traiter aussi. Parfois même les orteils sont à traiter, phalange après phalange (coup de pied dans une motte de terre par exemple).

Observation :
Une articulation non traitée d’un ensemble articulaire remettra tout l’ensemble en lésion.
A la séance suivante, il suffira de traiter ce qui n’avait pas été fait, pour que l’ensemble retrouve sa liberté, d’où l’intérêt de noter en détail à chaque séance le travail effectué.
Comme pour la main, la vérification à distance du travail effectué se fera à l’autre bout du membre, en testant le fémur sur l’iliaque ou l’iliaque sur le sacrum, du côté ou se trouvait l’entorse, si le problème est bien réglé, on doit les trouver libres - sans aucune restriction de mobilité.

Conclusion

Cette méthode de test, par sa rigueur et sa précision permet de repérer toutes les lésions et de faire un ‘nettoyage’ complet et ‘archéologique’ de tous les traumatismes physiques qui encombrent le corps du patient, parfois depuis de nombreuses années.

Une chute sur les fesses récente, qui met le sacrum au conflit d’adaptation avec une vieille entorse du pied droit devient silencieuse, mais toujours en restriction de mobilité peut déclencher une douleur du genou droit qui ne sera que le ‘champ de bataille’ où s’affrontent les demandes d’adaptation contradictoires. Les traitements du pied et du sacrum feront disparaître la douleur du genou (s’il n’y a pas d’implication énergétique).

Le dialogue établi à l’aide du M.R.P. est également précieux dans d’autres domaines de la santé, notamment pour le traitement des allergies. Tout cela sera abordé dans un travail ultérieur.