La Dyslexie
L’ostéopathie face à la dyslexie
Dans le langage courant, le terme de dyslexie recouvre un certain nombre de troubles qui ont tous un rapport avec le langage : le codage des sons en signes écrits, ou le décodage des signes écrits en sons.
Ces troubles peuvent aller de la banale confusion de consonnes jusqu’à la confusion de mots, en passant par les inversions de syllabes, l’écriture phonétique et les multiples troubles intermédiaires dont l’énumération serait fastidieuse.
La dyslexie peut concerner tout le monde, garçons ou filles, jeunes ou vieux, avec cependant, une certaine prépondérance pour les garçons.
Les dyslexiques présentent souvent une mauvaise latéralisation, qui peut entrainer des difficultés d’orientation dans l’espace et dans le temps, ainsi qu’une désorganisation de l’expression verbale et écrite.
La dyslexie peut être héréditaire : on trouve des lignées de dyslexiques repérables sur trois ou quatre générations. C’est une des formes les plus difficiles à soigner à ma connaissance.
Elle peut aussi être d’origine psychogène : l’anxiété des parents, les frustrations, les culpabilités et autres réactions négatives, qu’ils développent autour des mauvais résultats scolaires de leur enfant, l’installe dans une situation d’échec venant verrouiller et fixer des troubles qui sans cela, auraient conservé des possibilités d’évoluer positivement.
Beaucoup de dyslexiies, cependant, sont d’origine traumatique, et peuvent survenir à n’importe quel age. Il arrive fréquemment de trouver ce type de troubles chez des patients adultes suite à un choc sur la tête, par exemple.
* Une naissance difficile est une cause traumatique fréquente à laquelle on ne pense pas chez l’enfant : un passage contrarié dans le bassin de la mère, ou l’usage de forceps peuvent mettre en place les conditions d’une dyslexie.Il est intéressant pour la compréhension du traitement que propose l’ostéopathe, de connaitre la localisation cérébrale des différentes aires du cortex régissant l’élaboration ou la réception du langage parlé et du langage écrit.
Il a fallu attendre les années 75-80, pour qu’une certitude se dégage, dans la recherche en neuro-physiologie sur le rôle prépondérant du cerveau gauche, dans les conduites langagières orales ou écrites.
Sans entrer dans des détails qui allourdiraient l’exposé, retenons simplement le nom et la localisation des régions du cerveau ayant un rapport avec le langage écrit ou parlé. (voir schéma : zones du langage).
- 1. Aire de BROCA : contrôle l’émission du langage articulé.
Localisation : pied de la 3ème circonvolution frontale.
- 2. Aire de WERNICKE : contrôle le décodage du langage oral entendu.
Localisation : parties postérieure des deux premières circonvolutions.
- 3. Gyrus supramarginalis et girus angulaire : surtout impliqués dans le langage écrit.
Localisation : partie couverte par la jonction pariétal-occiput-temporal.
Retenons également que la zone globalement couverte par le temporal gauche, a une implication priviligiée dans les processus de mémorisation et de concentration-fixation de l’attention.
REMARQUES : Certains enfants dyslexiques semblent éprouver des difficultés d’audition, souvent signalées aux parents par l’instituteur. Si suite à cela, l’enfant passe un audiogramme, il apparaît tout à fait normal.
Les recherches en neuro-physiologie ont mis en évidence l’éxistance d’un contrôle auditif de la parole par le sujet lui-même, qui s’entend parler par conduction osseuse (vibrations des os du crane en parlant), alors que les sons extérieurs lui parviennent par conduction aérienne (vibrations de l’air qui entraine le tympan).
Des études fines permettant de différencier les deux types de conduction, ont montré chez le dyslexique un déséquilibre significatif entre conduction osseuses et aérienne, d’où les confusions de consonnes par exemple et les pseudo-troubles auditifs (cf. l’ouvrage de l’ostéopathe Pierre REIBAUD sur la dyslexie qui a inspiré le présent travail).
Dans d’autres cas, c’est la vision qui semble perturbée ; l’enfant se retrouve placé au premier rang à l’école, alors que l’examen d’acuité visuelle se révèle normal. (voir schéma des 3 zones d’accomodation).
Pour la vision et en particulier la lecture, on s’est aperçu que le recueil des informations se faisait dans différentes zones autour du point de fixation. Les informations venant des zones 2 et 3 jouant un rôle de guidage et de facilitation de la lecture. (cf. dans LA RECHERCHE n° 192, oct. 88, l’article : la vision des dyslexiques). Sont cités entre autres les travaux de deux chercheurs américains du Massachusset Institute of Technologie, selon lesquels, les enfants dyslexiques auraient une vision périphérique (zones 2 et 3) prédominante, et une vision (zone 1), faible ou médiocre, comme si cette zone était masquée.
- On trouve dans les deux cas de figure une certaine similitude de perturbations, comme une sorte de déplacement de la focalisation, un peu comme si le dyslexique devenait incapable d’écouter ou de regarder au bon endroit ou comme s’il était toujours "à côté de la plaque".
- Certains auteurs ont évoqués comme cause de ces perturbations, un mauvais fonctionnement du 1/2 cerveau gauche dû à un défaut d’irrigation sanguine. Comme la médecine classique ne dispose guère de moyens d’action simples sur l’irrigation cérébrale, cette observation n’a pû être vraiment exploitée. Plus loin, nous verrons pourtant à quel point ils ont vu juste, bien que de manière incomplète.
Traitements classiques :
Tous les traitements sont axés au départ sur le jeu, car ils nécessitent une adhésion de l’enfant à la démarche, pour qu’elle prenne toute son efficacité. Progressivement, et selon les cas, des exercices plus systématiques sont introduits, en vue de réharmoniser, puis stabiliser la latéralisation. Il faudra ensuite s’efforcer par des exercices appropriés, de stimuler les circuits neuro-physiologiques perturbés ou inhibés, particuliers à l’enfant dont on s’occupe. Le traitement est individuel, et adapté à chaque enfant en particulier.
La gamme des jeux et exercices peut varier à l’infini, mais ils présentent, malheureusement un grand point commun : ce ne sont que des traitements adaptatifs. Ils aident, parfois de manière très efficace, l’enfant dyslixique à s’adapter ou à surmonter son handicap. Ce sont des traitements en aval du handicap, c’est -à-dire sur les suites du problèmes, mais incapables de le régler.
Actuellement, la dyslexie ne peut se dépister qu’une fois la scolarisation mise en place et l’apprentissage de la lecture entamé. De plus, les tests de dépistage ont une fiabilité toute relative. Il n’éxiste pas actuellement de test satisfaisant et surtout précoce.
Les situations d’échec dans lesquelles l’enfant est alors plongé, face à ses parents et leurs exigences, et face à ses camarades, risquent d’amener une agravation et une fixation du problème.
Et c’est ainsi qu’on finit par se retrouver avec des adolescents, d’une intelligence égale et souvent supérieure à la moyenne, installés dans une situation d’échec scolaire grave et souvent irréversible, qui entraine des comportements caractériels, une inadaptation sociale avec des conflits parfois lourds à gérer et sans beaucoup d’espoir à leur apporter.
Face à ce tableau plutôt grisâtre, parfois franchement noir, Pierre REYBAUD, ostéopathe lyonnais, est venu apporter un rayon de soleil.
Confronté parmi ses proches à un cas de dyslexie qu’il lui tenait à coeur de résoudre, en bon ostéopathe, il est allé y voir... avec ses main et il a découvert une autre voie de traitement, en amont celle-là, qui fait chaque jour la preuve de son efficacité.
Dans ma pratique quotidienne, comme pour rédiger cet exposé, je me suis inspiré de ses travaux et observations et je tiens à l’en remercier.
Voyons à présent comment l’ostéopathie envisage le problème de la dyslexie et quelles solutions elle propose pour venir à bout de ces troubles.
Traitement ostéopathique
I - Constatations et analyse
- A l’observation :
Plusieurs remarques intéressantes sont à noter :
- Du point de vue anatomique, si l’on replace les zones concernées dans la boite crânienne, on remarque leur situation à la périphérie, donc plus près de l’os et plus facilement perturbées par une perte de mobilité osseuse ou membraneuse.
Crâne vu de dessus, de derrière.
On remarque également les relations étroites existant avec : le temporal - le parietal - le frontal - le sphénoïde - et l’occiput.
A la palpation,
° - Au plan osseux :
° - les os concernés sont en très forte restriction de mobilité à gauche. De plus le crâne est globalement en état d’extension (c’est-à-dire d’expir).
* Le temporal gauche est toujours figé et de plus, dans une position non physiologique (évoque une lésion intra osseuse rocher-écaille).
* Le pariétal gauche est dense, peu mobile et présente parfois des sutures prohéminentes avec des points douloureux.
* L’occiput présente des zones de densification et n’est mobile qu’à droite.
* La relation frontal-sphénoïde est très perturbée à gauche (surfaces en L bloquées serrées).
* La petite aile du sphénoïde est reculée à gauche.
* Le frontal gauche est souvent en restriction de mobilité.
>>>>> Il y a une constante que l’on retrouve à chaque fois et qu’il serait souhaitable d’expérimenter en tant que test de dépistage précoce, c’est :
- Temporal figé en position non physiologique,
- Petite aile du sphénoïde reculée à gauche,
- Hémicrâne gauche densifié et peu mobile.
Nous y reviendrons plus loin.
° - Au plan membraneux, la dure-mère est très tendue à gauche avec une grande rigidité de l’ensemble.
° - Au plan liquidien, la circulation du L. C. R. est très ralentie à gauche ; le M. R. P. est très faible et lent par rapport à la droite.
>>>> D’où :
- une mauvaise alimentation en L. C. R.,
- un mauvais nettoyage,
- peu d’informations hormonales.
Vascularisation de ces zones,
Schéma : artère Sylvienne + zones dyslexie
a) Artérielle :
Toute la région concernée est irriguée par l’artère Sylvienne, une des branches terminales de la carotide interne. Remarquons que la carotide interne pénètre dans le crâne par le temporal (conduit auditif) qu’elle quitte par un coude à 90° à la pointe du rocher, qui, nous le savons, est en lésion et provoque la fermeture de cet angle, (- de 90 °), en réduisant le débit sanguin. Puis après un trajet intra crânien, elle va se diviser en ses branches terminales derrière la petite aile du sphénoïde, laquelle est en lésion reculée à gauche et comprime l’artère sylvienne à sa naissance.
>>>> D’où, deux causes de mauvaise arrivée de sang frais :
b) Veineuse :
Le sang veineux est collecté par les sinus veineux : le sinus longitudinal, puis le sinus latéral, enfin le sinus sigmoîde, qui sort du crâne au trou déchiré postérieur, par le foramen jugulaire et débouche dans la veine jugulaire.
# —> Le trou déchiré postérieur fait partie de la suture occipito-mastoïdienne (entre occiput et temporal), or, le temporal est figé et l’occiput très restreint dans sa mobilité ; la suture occipito-mastoïdienne est donc bloquée, le trou déchiré postérieur fermé et la jugulaire ne peut évacuer correctement le sang du crâne. Comme les jugulaires évacuent 95 % du sang veineux... on imagine les conséquences...
Ainsi, ces zones de Broca, Wernicke, girus angulaire, girus supra marginalis, directement concernées par la dyslexie, sont à la fois :
- mal nourries,
- mal oxygénées,
- mal informées,
- mal drainées
- et de plus, le nettoyage ne se fait qu’à moitié !
Les conditions dans lesquelles notre corps accepte encore tant bien que mal de travailler, sont parfois stupéfiantes !
Ainsi, toutes ces observations font apparaître un ensemble cohérent de lésions osseuses, membraneuses et liquidiennes, qui permet de construire une explication logique des différents troubles liés à la dyslexie.
Je dis "une" explication logique car il me semble qu’elle n’est pas unique ni exhaustive. Ceci constitue une porte d’entrée dans ce système pathologique, parmi beaucoup d’autres. Utilisons-la, mais en se gardant bien d’en faire l’explication unique, la solution miracle, car bon nombre de questions n’y ont pas trouvé de réponses :
- Je pense par exemple à la place de la dyslexie dans le patrimoine génétique,
- à la disproportion entre garçons et filles dans sa distribution, etc,... etc...
Si nous avons pu utiliser cette porte pour pénétrer dans le système pathologique de la dyslexie, le comprendre et en démonter certains mécanismes, utilisons la aussi pour en sortir.
Autrement dit, que propose l’ostéopathie comme traitement à l’enfant ou l’adulte dyslexique ?
Avant d’aborder le traitement proprement dit, il faut d’abord en évoquer les causes éventuelles, car elles peuvent intervenir dans le traitement.
En dehors, ou en plus de l’hérédité, où il a peu d’impact, l’ostéopathe envisage deux causes principales :
1 - Traumatique récente (chute, coup sur la tête, etc...),
2 - Congénitale, c’est-à-dire installé à la naissance, (accouchement difficile, trop long, trop court, provoqué, utilisation de forceps, cerclage du col, etc...).
II Traitement ostéopathique de la dyslexie
En fonction de la cause et de l’âge du patient, le traitement peut varier... Mais la grande constantd, de toute façon, consiste en préliminaires, à faire un bilan global, (membres supérieurs, membres inférieurs, crâne-sacrum), pour s’assurer qu’aucune lésion à distance ne verrouille le système et à traiter les lésions s’il y en a.
Le traitement lui-même va consister à :
1) Faire céder les tensions membraneuses dure-mériennes qui verrouillent les pièces osseuses en lésion (ayant perdu leur mobilité),
2) En allant de la périphérie vers le centre, libérer toutes les pièces de l’hémicrâne gauche en restriction de mobilité,
3) Vérifier également ce qui se passe à droite, car il peut y avoir, à droite, des lésions responsables de problèmes à gauche, qu’il convient de ne pas négliger.
Remarque :
Le résultat est parfois spectaculaire : le lendemain de la séance, le nombre de fautes dans la dictée passe de 10 à 2 ou 3, les notes remontent, l’attention peut se fixer plus longtemps...
Parfois aussi cela ne dure pas ; trois causes possibles parmi d’autres...
* Il reste une lésion dans le système, qui très vite lui fait perdre sa mobilité.
* Un traumatisme nouveau (chute... ballon dans la figure..), est venu remettre l’ensemble en lésion.
* Parfois lorsqu’on trouve de sévères restrictions de mobilité, il est nécessaire de répéter plusieurs fois la correction pour qu’elle finisse par tenir. Dans ce cas, d’une séance à l’autre, la durée de l’amélioration augmente ce qui est de bon pronostic.
NOTA :
Le traitement ostéopathique d’une dyslexie ne remplace pas bien entendu la rééducation. Il lui permet simplement d’être plus efficace.
Une fois les causes de la dyslexie réglées, l’orthophoniste va aider l’enfant à rattraper le retard, à combler les "trous".
Autre remarque :
Plus les corrections sont faites tôt dans la vie de l’enfant, plus elles sont stables.
Jusqu’à six ans, l’ossification des os du crâne se poursuit, ils restent malléables ; on peut donc intervenir sur leur forme (modelage), en même temps que sur leur mobilité.
Après six ans, ils ont leur forme définitive, les déformations sont fixées. L’équilibre des structures sera beaucoup plus fragile. Le moindre choc pourra les remettre en lésion.
Ceci veut dire qu’il faudra suivre l’enfant, au coup par coup, une fois les résultats obtenus, jusqu’à la fin de sa croissance (14/15 ans).
* ----> Cette dernière remarque met en évidence le grand intérêt qu’il y a à disposer des tests de dépistage précoces.
Quand l’écriture est installée et que les troubles apparaîssent, l’enfant a 6 ans, on ne peut plus faire que la moitié du travail.
L’âge idéal serait bien sur, à la naissance, en dépistage systématique, à la maternité. Malheureusement, avant que l’ostéopathie entre à la maternité, beaucoup d’eau coulera encore sous les ponts... et beaucoup d’enfants garderont leurs problèmes.
Actuellement, si un dépistage efficace pouvait être mis en place à l’entrée en école maternelle, le résultat serait beaucoup plus complet et définitif et de plus, cela éviterait à l’enfant le risque d’une installation en situation d’échec scolaire.
En quoi consiste ce test de dépistage ?
Les trois constantes ostéopathiques de la dyslexie sont :
1) Le temporal gauche figé.
2) La petite aile du sphénoïde reculée à gauche.
3) La très forte restriction de mobilité à gauche.
Le test consiste à faire une "écoute crânienne", (c’est-à-dire suivre avec les mains les mouvements des os du crâne à tester, et les comparer avec ce qu’ils devraient être), à la recherche de ces trois constantes.
Si elles sont présentes, on est fondé à craindre des difficultés scolaires.
Si elles sont absentes, le test est négatif, tout va bien.
Pour un praticien entraîné et compétent, cela demande 5 à 10 minutes par enfant.
Pratiqué par un ostéopathe, (main légère attentive et précise), le test ne présente aucun danger.